— Doc ! Magnez-vous ! crie Timothée en faisant irruption dans ma baraque. C’est l’heure de la loterie !
Le gamin n’attend pas ma réponse. Il est déjà parti en faisant voler mon rideau de perles de bambou. L’insouciance de la jeunesse, je l’ai vécue aussi. Tout comme lui, je vivais la loterie comme une fête, autrefois. Mais comment peut-on appeler ça une fête, quand on sait que quelqu’un va mourir ?
Comme toutes les deux mille cent quatre-vingt-dixièmes heures, et pas une minute de plus ni moins, toute la poisseuse colonie d’ici-bas doit se réunir sur la grande place. Une partie s’y rend par espoir, d’autres, comme moi, par pur devoir. Pour gagner une place dans la colonie d’en haut, certains sont prêts à tout, même s’il faut pour cela que quelqu’un soit condamné à mourir. La loi du « chacun-pour-soi », en ce qui me concerne, elle me donne envie de gerber. Mais bon, je n’ai pas non plus envie de crever bêtement pour crime de désobéissance. Alors, quand faut y aller, faut y aller.
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